Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/374

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à quoi bon tous ces beaux discours, quand ils sont ensemble ?

C’est la plus belle réflexion que j’aie ouï faire de ma vie ; et Calprenède, quoique François, devoit se souvenir qu’à des amants nés sous un soleil plus chaud que celui d’Espagne, les paroles étoient assez inutiles en ces occasions. Mais le bon sens de cette dame ne seroit pas reçu dans nos galanteries ordinaires, où il faut parler mille fois d’une passion qu’on n’a pas, pour la pouvoir persuader ; et où l’on se voit tous les jours, pour se plaindre, avant que de trouver une heure à finir ce faux tourment.

La Précieuse de Molière est dépeinte ridicule dans la chose, aussi bien que dans les termes, de ne vouloir pas prendre le roman par la queue, quand il s’agit de traiter avec des parents l’affaire sérieuse d’un mariage ; mais ce n’eût pas été une fausse délicatesse avec un galant, d’attendre sa déclaration, et tout ce qui vient par degrés, dans le procédé d’une galanterie.

Pour la régularité et la vraisemblance, il ne faut pas s’étonner qu’elles se trouvent moins chez les Espagnols que chez les François. Comme toute la galanterie des Espagnols est venue des Maures, il y reste je ne sais quel goût d’Afrique, étranger des autres nations, et trop ex-