Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/376

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aime. Les femmes, qui ont à se régler là-dessus sont elles-mêmes plus galantes que passionnées ; encore se servent-elles de la galanterie pour entrer dans les intrigues. Il y en a peu que la vanité et l’intérêt ne gouvernent, et c’est à qui pourra mieux se servir, elles des galants, et les galants d’elles, pour arriver à leur but.

L’amour ne laisse pas de se mêler à cet esprit d’intérêt, mais bien rarement il en est le maître ; car la conduite que nous sommes obligés de tenir aux affaires nous forme à quelque régularité pour les plaisirs, ou nous éloigne au moins de l’extravagance. En Espagne, on ne vit que pour aimer. Ce qu’on appelle aimer, en France, n’est proprement que parler d’amour, et mêler aux sentiments de l’ambition la vanité des galanteries.

Ces différences considérées, on ne trouvera pas étrange que la comédie des Espagnols, qui n’est autre chose que la représentation de leurs aventures, soit aussi peu régulière que les aventures : il n’y aura pas à s’étonner que la comédie des François, qui ne s’éloigne guère de leur usage, conserve des égards, dans la représentation des amours, qu’ils ont ordinairement dans les amours mêmes. J’avoue que le bon sens, qui doit être de tous les pays du monde, établit certaines choses dont on ne