Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/377

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doit se dispenser nulle part ; mais il est difficile de ne pas donner beaucoup à la coutume, puisque Aristote même, dans sa Poétique, a mis quelquefois la perfection en ce qu’on croyoit de mieux, à Athènes, et non pas en ce qui est véritablement le plus parfait.

La comédie n’a pas plus de privilège que les lois, qui, devant toutes être fondées sur la justice, ont néanmoins des différences particulières, selon le divers génie des peuples qui les ont faites ; et, si on est obligé de conserver l’air de l’antiquité, s’il faut garder le caractère des héros qui sont morts il y a deux mille ans, quand on les représente sur le théâtre ; comment peut-on ne suivre pas les humeurs, et ne s’ajuster pas aux manières de ceux qui vivent, lorsqu’on représente à leurs yeux ce qu’ils font eux-mêmes tous les jours ?

Quelque autorité cependant que se donne la coutume, la raison sans doute a les premiers droits, mais il ne faut pas que son exactitude soit rigide ; car, aux choses qui vont purement à plaire, comme la comédie, il est fâcheux de nous assujettir à un ordre trop austère, et de commencer par la gêne, en des sujets où nous ne cherchons que le plaisir.