Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Concetti impertinents, dans la bouche des amoureux, et de froides bouffonneries, dans celle des Zanis[1]. Vous ne voyez de bon goût nulle part. Vous voyez un faux esprit qui règne, soit en des pensées pleines de Cieux, de Soleils, d’Étoiles et d’Éléments ; soit dans une affectation de naïveté qui n’a rien du vrai naturel.

J’avoue que les Bouffons sont inimitables ; et de cent imitateurs que j’ai vus, il n’y en a pas un qui soit parvenu à leur ressembler. Pour les grimaces, les postures, les mouvements ; pour l’agilité, la disposition ; pour les changements d’un visage qui se démonte comme il lui plaît, je ne sais s’ils ne sont pas préférables aux mimes et aux pantomimes des anciens. Il est certain qu’il faut bien aimer la méchante plaisanterie, pour être touché de ce qu’on entend ; il faut être aussi bien grave et bien composé, pour ne rire pas de ce qu’on voit ; et ce seroit un goût trop affecté de ne se plaire pas à leur action, parce qu’un homme délicat ne prendra pas de plaisir à leurs discours.

Toutes les représentations où l’esprit a peu de part, ennuient à la fin ; mais elles ne laissent pas de surprendre et d’être agréables, quelque temps avant de nous ennuyer. Comme

  1. Personnages bouffons des comédies italiennes.