Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/380

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la bouffonnerie ne divertit un honnête homme que par de petits intervalles, il faut la finir à propos et ne pas donner le temps à l’esprit de revenir à la justesse du discours, et à l’idée du vrai naturel. Cette économie serait à désirer dans la comédie italienne, où le premier dégoût est suivi d’un nouvel ennui, plus lassant encore ; et où la variété, au lieu de vous récréer, ne vous apporte qu’une autre sorte de langueur.

En effet, quand vous êtes las des Bouffons qui ont trop demeuré sur le théâtre, les Amoureux paroissent, pour vous accabler. C’est, à mon avis, le dernier supplice d’un homme délicat ; et on auroit plus de raison de préférer une prompte mort à la patience de les écouter, que n’en eut le Lacédémonien de Boccalini, lorsqu’il préféra le gibet à l’ennuyeuse lecture de la Guerre de Pise, dans Guichardin[1]. Si quelqu’un trop amoureux de la vie, a pu essuyer une lassitude si mortelle ; au lieu de re-

  1. Instantissimamente supplicò, che per tutti gl’anni della sua vita lo condannassero a remare in una Galea, che lo murassero trà due mura, e che per misericordia fino lo scorticassero vivo ; perche il legger quel Discorsi senza fine, quei Consigli tanto tediosi, quelle fredissime Concioni, fatte nella presa d’ogni vil Colombaia, era crepacuore che superava tutti gl’aculei Inglesi, etc. Boccal., Ragguagli di Parnasso, Cent. I, Ragg. VI. Je ne sais ce que Boccalini entend par aculei Inglesi (Des Maizeaux).