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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/383

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Un peu devant la guerre civile, l’esprit de la tragédie revint animer les Romains, dans la disposition secrète d’un génie qui les préparoit aux funestes révolutions qu’on vit arriver. César en composa une, et beaucoup de gens de qualité en composèrent aussi. Les désordres cessés sous Auguste, et la tranquillité bien rétablie, on chercha toutes sortes de plaisirs. Les comédies recommencèrent, les pantomimes eurent leur crédit, et la tragédie ne laissa pas de se conserver une grande réputation. Sous le règne de Néron, Sénèque prit des idées funestes, qui lui firent composer les tragédies qu’il nous a laissées. Quand la corruption fut pleine et le vice général, les pantomimes ruinèrent tout à fait la tragédie et la comédie : l’esprit n’eut plus de part aux représentations, et la seule vue chercha dans les postures et les mouvements, ce qui peut donner à l’âme des spectateurs des idées voluptueuses.

Les Italiens aujourd’hui se contentent d’être éclairés du même soleil, de respirer le même air et d’habiter la même terre qu’ont habitée autrefois les vieux Romains ; mais ils ont laissé pour les histoires cette vertu sévère qu’ils exerçoient, ne croyant pas avoir besoin de la tragédie, pour s’animer à des choses dures qu’ils n’ont pas envie de pratiquer. Comme ils