Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/386

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avec de ridicules affectations. À la vérité, ces fourberies, ces simplicités, cette politique, et le reste de ces caractères ingénieusement formés, se poussent trop loin, à notre avis, comme ceux qu’on voit sur notre théâtre demeurent un peu languissants, au goût des Anglois ; et cela vient peut-être de ce que les Anglois pensent trop, et de ce que les François d’ordinaire ne pensent pas assez.

En effet, nous nous contentons des premières images que nous donnent les objets ; et pour nous arrêter aux simples dehors, l’apparent presque toujours nous tient lieu du vrai, et le facile du naturel. Sur quoi je dirai, en passant, que ces deux dernières qualités sont quelquefois très-mal à propos confondues. Le facile et le naturel conviennent assez dans leur opposition à ce qui est dur ou forcé : mais quand il s’agit de bien entrer dans la nature des choses, ou dans le naturel des personnes, on m’avouera que ce n’est pas toujours avec facilité qu’on y réussit. Il y a je ne sais quoi d’intérieur, je ne sais quoi de caché, qui se découvriroit à nous, si nous savions approfondir les matières davantage. Autant qu’il nous est mal aisé d’y entrer, autant il est difficile aux Anglois d’en sortir. Ils deviennent maîtres de la chose à quoi ils pensent, qu’ils ne le sont pas de leur pensée. Possédés de leur