Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/406

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clare donc qu’après avoir écouté Syphace, Ballarini et Buzzolini avec attention ; qu’après avoir examiné leur chant, avec le peu d’esprit et de connoissance que je puis avoir, j’ai trouvé qu’ils chantoient divinement bien ; et si je savois des termes qui fussent au-dessus de cette expression, je m’en servirais pour faire valoir leur capacité davantage1.

Je ne saurois faire un jugement assuré des François. Ils remuent trop les passions : ils mettent un si grand désordre en nos mouvements, que nous en perdons la liberté du discernement, que les autres nous ont laissée pour trouver la sûreté de leur mérite dans la justesse de nos approbations.

La première institution de la musique a été faite pour tenir notre âme dans un doux repos ; ou la remettre dans son assiette, si elle en étoit sortie. Ceux-là sont louables, qui par une connoissance égale des cœurs et du chant, suivent des ordres si utilement établis. Les François n’ont aucun égard à ces principes ; ils inspirent la crainte, la pitié, la douleur ; ils in-


1. Ces habiles musiciens étoient venus en Angleterre, où ils obtinrent un grand succès. Saint-Évremond, cédant à l’obsession de ses amis, qui lui demandoient de rétracter ce qu’il avoit dit à l’avantage des François, dans ses réflexions Sur les Opéras, écrivit cet Éclaircissement, où règne une ironie, sur laquelle il ne faut pas se méprendre. Voy. notre Introduction.