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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/422

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esprits ? Et Pétrone n’est-il pas loué par tous les gens de bon goût, d’en avoir eu assez pour tourner en ridicule l’éloquence de son temps ? pour avoir connu le faux jugement de son siècle, pour avoir donné à Virgile et à Horace toutes les louanges qui leur étoient dues ? Homerus testis et Lyrici, Romanusque Virgilius, et Horatii curiosa félicitas2.

Venons des Latins aux François. Quand Nervèze3 faisoit admirer sa fausse éloquence, la cour n’auroit-elle pas eu obligation à quelque bon esprit qui l’eût détrompée ? Quand on a vu Coëffeteau charmer tout le monde, par ses métaphores, et que les maîtresses voiles de son éloquence4 passoient pour une merveille ; quand la langue fleurie de Cohon5, qui n’avoit ni force, ni solidité, plaisoit à tous les faux polis, aux faux délicats ; quand l’affectation de Balzac, qui ruinoit la beauté naturelle des pensées, passoit pour un style majestueux et



2. Pétrone, Satyr., cap. 118.

3. Nervèze a publié un volume d’Épitres morales pleines de phœbus et de galimatias, et des romans qui, malgré leur mauvais goût, eurent une certaine faveur, sous la régence d’Anne d’Autriche ; on disoit : Parler Nervèze. Voy. Tallemant, tom. I, pag. 207 et 209, édit. de P. Paris ; et tome IV, pag. 321 et 325.

4. Expressions de Coëffeteau.

5. Célèbre prédicateur, du temps de Richelieu, et de la Fronde ; très-dévoué à Mazarin ; mort en 1670, évêque de Nîmes.