Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/423

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magnifique, n’auroit-on pas rendu un grand service au public de s’opposer à l’autorité que ces messieurs se donnoient, et d’empêcher le mauvais goût, que chacun d’eux a établi différemment, dans son temps ?

J’avoue qu’on n’a pas le même droit, contre Messieurs de l’Académie. Vaugelas, d’Ablancourt, Patru, ont mis notre langue dans sa perfection ; et je ne doute point que ceux qui écrivent, aujourd’hui, ne la maintiennent dans l’état où ils l’ont mise. Mais si quelque jour une fausse idée de politesse rendoit le discours foible et languissant ; si pour aimer trop à faire des contes et à écrire des nouvelles, on s’étudioit à une facilité affectée, qui ne peut être autre chose qu’un faux naturel ; si un trop grand attachement à la pureté, produisoit enfin de la sécheresse ; si pour suivre toujours l’ordre de la pensée, on ôtoit à notre langue le beau tour qu’elle peut avoir ; et que, la dépouillant de tout ornement, on la rendît barbare, pensant la rendre naturelle ; alors ne seroit-il pas juste de s’opposer à des corrupteurs qui ruineroient le bon et véritable style, pour en former un nouveau, aussi peu propre à exprimer les sentiments forts, que les pensées délicates ?

Qu’ai-je affaire de rappeler le passé, ou de prévoir l’avenir ? Je reconnois la jurisdiction de