Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/430

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pas d’être quelquefois vastes. Venons à l’examen de leurs ouvrages et de leurs actions ; donnons à chaque qualité les effets qui véritablement lui appartiennent : commençons par les ouvrages d’Aristote.

Sa Poétique en est un des plus achevés ; mais à quoi sont dûs tant de préceptes judicieux, tant d’observations justes, qu’à la netteté de son jugement ? On ne dira pas que c’est à son esprit vaste. Dans sa Politique, qui régleroit encore aujourd’hui des législateurs, c’est comme sage, comme prudent, comme habile, qu’il règle les diverses constitutions des États : ce ne fut jamais comme vaste. Personne n’est jamais entré si avant que lui dans le cœur de l’homme, comme on le peut voir dans sa Morale et dans sa Rhétorique, au chapitre des passions ; mais c’est comme pénétrant qu’il y est entré, comme un philosophe qui savoit faire de profondes réflexions, qui avoit fort étudié ses propres mouvements, et fort observé ceux des autres. Ne fondez pas le mérite du vaste là-dessus ; il n’y eut jamais aucune part. Aristote avoit proprement l’esprit vaste, dans la Physique, et c’est de là que sont venues toutes ses erreurs ; par-là, il s’est perdu dans les principes, dans la matière première, dans les cieux, dans les astres et dans le rest de ses fausses opinions.