Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/441

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M. de Marquemont fut fort surpris de la sécheresse de cette lettre, et plus encore du nouvel esprit qui alloit régner dans le ministère. Comme il étoit habile homme, il changea le plan de sa conduite, et demanda pardon au ministre d’avoir été assez présomptueux, pour vouloir donner des lumières, lorsqu’il en devoit recevoir : avouant l’erreur où il avoit été, d’avoir cru qu’on pouvoit réduire les Espagnols à un traité raisonnable, par la seule négociation. M. de Senecterre a dit souvent que cette petite lettre du cardinal de Richelieu à M. de Marquemont a été la première chose qui a fait comprendre le dessein qu’avoit le cardinal d’abaisser la puissance d’Espagne, et de rendre à notre nation la supériorité qu’elle avoit perdue.

Mais, pour entreprendre au dehors, il falloit être assuré du dedans ; et le parti huguenot étoit si considérable, en France, qu’il sembloit faire un autre État dans l’État : cela n’empêcha pas Richelieu de le réduire. Comme on avoit fait la guerre assez malheureusement, durant le ministère du connétable de Luynes, il fallut faire un plan tout nouveau ; et ce plan produisit des effets aussi heureux, que l’autre avoit eu des succès peu favorables. On ne doutoit point que la Rochelle ne fût l’âme du parti. C’est là que se faisoient les délibérations, que les desseins se formoient, que les intérêts de