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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/442

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cent et cent villes venoient à s’unir ; et c’étoit de là qu’un corps composé de tant de parties séparées, recevoit la chaleur et le mouvement. Il n’y avoit donc qu’à prendre la Rochelle : la Rochelle tombant, faisoit tomber tout. Mais, lorsqu’on venoit à considérer la force de cette place ; lorsque l’on songeoit au monde qui la défendroit, et au zèle de tous ces peuples ; quand on considéroit la facilité qu’il y avoit à la secourir, qu’on voyoit la mer toute libre, et par là les portes ouvertes aux étrangers : alors on croyoit imprenable ce qui n’avoit jamais été pris. Il n’y avoit qu’un cardinal de Richelieu qui n’eût pas désespéré de le pouvoir prendre. Il espéra, et ses espérances lui firent former le dessein de ce grand siège. Dans la délibération, toutes les difficultés furent levées ; dans l’exécution, toutes vaincues. On se souviendra éternellement de cette digue fameuse, de ce grand ouvrage de l’art, qui fit violence à la nature, qui donna de nouvelles bornes à l’Océan. On se souviendra toujours de l’opiniâtreté des assiégés, et de la constance des assiégeants. Que serviroit un plus long discours ? On prit la Rochelle ; et à peine se fut-elle rendue, que l’on fit une grande entreprise au dehors.

Le duché de Mantoue étant échu par succession au duc de Nevers, la France s’y voulut établir, et l’Espagne assembla une armée, pour