Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/486

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ment, après l’avoir vue, et qu’on se formoit avec plaisir, où l’on ne la voyoit pas.

Telle étoit la conduite de Mme Mazarin ; telle étoit sa condition, quand la duchesse d’York, sa parente, passa par Chambéry, pour venir trouver le duc son époux. Le mérite de la duchesse, sa beauté, son esprit, sa vertu donnoient envie à Mme Mazarin de l’accompagner ; mais ses affaires ne le permettoient pas, et il fallut remettre son voyage à un autre temps. La curiosité de voir une grande cour, qu’elle n’avoit pas vue, la fortifioit dans cette pensée ; la mort du duc de Savoie7 la détermina.

Ce prince avoit eu pour elle un sentiment commun à tous ceux qui la voyoient. Il l’avoit admirée à Turin, et cette admiration avoit passé, dans l’esprit de Mme de Savoie, pour un véritable amour. Une impression jalouse et chagrine produisit un procédé peu obligeant pour celle qui l’avoit causée ; et il n’en fallut pas davantage pour obliger Mme Mazarin à sortir d’un pays, où la nouvelle régente étoit absolue. S’éloigner d’elle, et s’approcher de Mme la duchesse d’York, ne fut qu’une même résolution. Hortense la déclara à ses



7. Charles Emmanuel II, duc de Savoie, mourut le 12 de juin 1675.