Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/487

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amis, qui n’oublièrent rien pour l’en détourner ; mais ce fut inutilement. On n’a jamais vu tant de larmes. Elle ne fut pas insensible à la douleur que l’on avoit de son départ ; des personnes touchées si vivement la surent toucher. Cependant la résolution étoit prise, et malgré tous ces regrets on voulut partir.

Quel autre courage, que celui de Mme Mazarin, eût fait entreprendre un voyage si long, si difficile et si dangereux ? Il lui fallut traverser des nations sauvages, et des nations armées ; adoucir les unes, et se faire respecter des autres. Elle n’entendoit le langage d’aucun de ces peuples, mais elle étoit entendue. Ses yeux ont un langage universel, qui se fait entendre des hommes. Que de montagnes, que de forêts, que de rivières il fallut passer ! Qu’elle essuya de vents, de neiges, de pluies ! et que les difficultés des chemins, que la rigueur du temps, que des incommodités extraordinaires firent peu de tort à sa beauté ! Jamais Hélène ne parut si belle qu’étoit Hortense : mais Hortense, cette belle innocente persécutée, fuyoit un injuste époux, et ne suivoit pas un amant. Avec le visage d’Hélène, Mme Mazarin avoit l’air, l’équipage d’une reine des Amazones : elle paroissoit également propre à charmer et à combattre.

On eût dit qu’elle alloit donner de l’amour