Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/489

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étoient en possession de l’empire de la beauté, le voyoient passer à regret à une étrangère ; et il est assez naturel de ne perdre pas, sans chagrin, la plus douce des vanités. Un intérêt si considérable sut les unir. Les ennemies furent donc réconciliées, les indifférentes se recherchèrent, et les amies voulurent se lier plus étroitement encore. Les confédérées prévoyoient bien leur malheur ; mais le voulant retarder, elles se préparèrent à défendre un intérêt, qui leur étoit plus cher que la vie.

Mme Mazarin n’avoit pour elle que ses charmes et ses vertus : c’étoit assez pour ne rien appréhender. Après avoir gardé la chambre quelques jours, moins pour se remettre des fatigues du voyage, que pour se faire faire des habits, elle parut à White-Hall.

Astres de cette cour, n’en soyez point jaloux ;
Vous parûtes alors aussi peu devant elle,
Que mille autres beautés avoient fait devant vous9.

Depuis ce jour-là, on ne lui disputa rien en public ; mais on lui fit une guerre secrète, dans les maisons, et tout se réduisit à des injures cachées, qui ne venoient pas à sa connoissance, ou à de vains murmures, qu’elle méprisa. On vit alors une chose extraordinaire : celles qui


9. Imitation du fameux sonnet de Malleville, intitulé la Belle matineuse.