Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/490

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s’étoient le plus déchaînées contre elle, furent les premières à l’imiter. On voulut s’habiller, on voulut se coiffer comme elle : mais ce n’étoit ni son habillement, ni sa coiffure ; car sa personne fait la grâce de son ajustement, et celles qui tâchent de prendre son air, ne sauroient rien prendre de sa personne. On peut dire d’elle ce qu’on a dit de feue Madame, avec bien moins de raison : tout le monde l’imite et personne ne lui ressemble.

Pour ce qui regarde les hommes, elle se fait des sujets de tous les honnêtes gens qui la voient. Il n’y a que le méchant goût et le mauvais esprit, qui puissent défendre contre elle un reste de liberté. Heureuse des conquêtes qu’elle fait ! plus heureuse de celles qu’elle ne fait pas ! Mme Mazarin n’est pas plutôt arrivée en quelque lieu, qu’elle y établit une maison, qui fait abandonner toutes les autres. On y trouve la plus grande liberté du monde ; on y vit avec une égale discrétion. Chacun y est plus commodément que chez soi, et plus respectueusement qu’à la cour. Il est vrai qu’on y dispute souvent ; mais c’est avec plus de lumière que de chaleur. C’est moins pour contredire les personnes, que pour éclaircir les matières ; plus pour animer les conversations, que pour aigrir les esprits. Le jeu qu’on y joue est peu considérable, et le seul divertissement