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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/497

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n’est pas permis de prendre le nom en vain. Que les fausses divinités soient mêlées en toutes sortes de fictions ; ce sont fables elles-mêmes, vains effets de l’imagination des poëtes. Pour les chrétiens, ils ne donneront que des vérités à celui qui est la vérité pure, et ils accommoderont tous leurs discours à sa sagesse et à sa bonté.

Ce grand changement est suivi de celui des mœurs, qui pour être aujourd’hui civilisées et adoucies, ne peuvent souffrir ce qu’elles avoient de farouche et de sauvage, en ce temps-là. C’est ce changement qui nous fait trouver si étranges les injures féroces et brutales que se disent Achille et Agamemnon[1]. C’est par là qu’Agamemnon nous est odieux, lorsqu’il ôte la vie à ce Troyen, à qui Ménélas l’avoit donnée. Ménélas pour qui se faisoit la guerre, lui pardonne généreusement ; Agamemnon, le roi des rois[2], qui devoit des exemples de vertu à tous les princes et à tous les peuples ; le lâche Agamemnon tue ce misérable, de sa propre main. C’est par là qu’Achille nous devient en horreur, lorsqu’il tue le jeune Lycaon, qui lui demandoit la vie, si tendrement. C’est par là que nous haïs-

  1. Dans l’Iliade, Achille appelle Agamemnon sac à vin, yeux de chien et cœur de cerf ; c’est-à-dire : ivrogne, impudent et poltron.
  2. C’est ainsi qu’Homère le nomme.