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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/516

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surpris que Monsieur l’abbé Renaudot, qui n’oseroit louer en France un protestant, prenne le détour ingénieux d’une censure apparente pour favoriser tous mes sentiments. En effet, il me blâme exprès, d’une manière à me faire louer de tout le monde. Ce n’est pas tout que d’avoir la bonté de m’obliger ; il faut avoir l’esprit de Monsieur l’abbé, pour donner tant de réputation à mon Dictionnaire.

Il dit que je veux établir le Pyrrhonisme ; et peut-on traiter plus obligeamment un homme accusé de détruire tout, que de lui faire établir quelque chose ? C’est ruiner adroitement son accusation lui-même ; c’est me justifier, avec beaucoup d’art, du crime qu’il fait semblant de m’imputer.

Vous passez légèrement, Monsieur, du pyrrhonisme aux obscénités, dont je ne crois pas que vous soyez scandalisé. Vous aimez trop les belles-lettres, pour ne pas lire avec plaisir Catulle, Pétrone, Martial ; cependant, leurs écrits sont pleins d’ordures et de saletés ; au lieu qu’on ne trouve, dans les miens, que de simples enjouements, que de petites libertés fort innocentes.

Je n’ai pas moins de vénération que vous, pour le grand zèle des Pères : je m’assure que vous estimez, aussi peu que moi, leur science. Les Pères sont bonnes gens, disoit Scaliger,