Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/521

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qui sont finement pensées donnent à un lecteur délicat le plaisir de son intelligence et de son goût.

J’avoue que je me contredis quelquefois. Je loue la constance, à une demoiselle dont je crois être aimé ; je conseille l’infidélité à celle qui aime un autre amant. Je ne suis pas de même humeur, de même sentiment, à trente ans qu’à soixante ; à soixante, qu’à quatre-vingt. Autre contradiction.

Après tout, je trouve beaucoup de choses dans cette critique fort bien censurées ; beaucoup de diversions, à propos de ce qu’il dit, sur ce qu’il fait dire à Monsieur de Meaux, à Monsieur de Nîmes, à Monsieur Despréaux, au père Bouhours, à d’autres modernes. Je ne puis nier qu’il n’écrive bien ; mais son zèle pour la religion et pour les bonnes mœurs passe tout : je gagnerois moins à changer mon style, contre le sien, que ma conscience, contre la sienne.

J’estime fort son exactitude dans la critique. Il s’attache à censurer des traités même qui ne sont pas de moi ; des fautes dans ceux qui en sont, que je n’ai pas faites. Il est vrai qu’il me donne trop de louanges, quelquefois ; tout bien compensé, la faveur passe la sévérité du jugement ; et je puis dire avec sincérité, que j’ai plus de reconnoissance de la grâce, que de