Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/535

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Se veut instruire à fond des intérêts du corps.
L’intrigueuse vient là par un esprit d’affaire ;
Écoute avec dessein, propose avec mystère,
Et tandis qu’on s’amuse à discourir d’amour,
Ramasse quelque chose à porter à la cour.
Dans un lieu plus secret on tient la Précieuse,
Occupée aux leçons de morale amoureuse.
Là, se font distinguer les fiertés des rigueurs ;
Les dédains des mépris, les tourments des langueurs ;
On y sait démêler la crainte et les alarmes,
Discerner les attraits, les appas et les charmes ;
On y parle du temps qu’on forme le désir :
Mouvement incertain de peine ou de plaisir.
Des premiers maux d’amour on connoît la naissance,
On a de leurs progrès une entière science,
Et toujours on ajuste à l’ordre des douleurs,
Et le temps de la plainte, et la saison des pleurs.
Par un arrêt du ciel toute chose a son terme,
Et c’est ici le temps ou l’école se ferme ;
Mais avant que sortir, on déclare le jour
Où l’on viendra traiter un autre point d’amour.
Là, Philis, affectée en graves bienséances,
Dédaigneuse et civile, y fait ses révérences,
Conservant un maintien de douce autorité,
Qui serve à la grandeur sans nuire à la beauté.
On voit à l’autre bout une dame engageante,
Employer tout son art à paroître obligeante :
Caresses, compliments, civilités, honneurs,
Sont les moyens adroits qui lui gagnent les cœurs.
Loin de ces vanités, ainsi parle une Chère2 :



2. Ma chère étoit une appellation familière, affectée par les Précieuses, et qui n’étoit point ailleurs dans l’u-