Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/536

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Pourquoi finir sitôt ? Mon Dieu ! quelle misère !
J’avois à proposer un nouveau sentiment
Du mérite parfait que se donne un amant.
Mais, dit l’autre, ma sœur, n’êtes-vous point troublée
Du tumulte confus d’une grande assemblée ?
Sauroit-on rien sentir de tendre, délicat,
En des lieux où se fait tant de bruit et d’éclat ?
Cherchons, cherchons, ma sœur, de tranquilles retraites,
Propres aux mouvements des passions secrètes.
Le monde sait bien peu ce que c’est que d’aimer,

Et l’on voit peu de gens qu’il nous faille estimer.

Après la lecture de mes vers, vous me demanderez avec raison ce que c’est qu’une Précieuse, et je vais tâcher, autant qu’il m’est possible, de vous l’expliquer. On dit3 un jour à la reine de Suède, que les Précieuses étaient les Jansénistes de l’amour ; et la définition ne lui déplut pas. L’amour est encore un Dieu pour les Précieuses. Il n’excite pas de passion en leurs âmes ; il y forme une espèce de religion. Mais à parler moins mystérieusement, le corps des Précieuses n’est autre chose que l’union d’un petit nombre de personnes, où quelques-unes, véritablement délicates, ont jeté les autres dans une affectation de délicatesse ridicule.



sage habituel de la société. De là, une Chère est, pour Saint-Évremond, une Précieuse. Voy. le Dict. des Précieuses, édit. de Livet, I, p. lxiii.

3. Mademoiselle de Lenclos.