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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/546

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À MADAME LA DUCHESSE MAZARIN.
(1684.)

Monsieur de Saint-Évremond entrant un jour dans la chambre de Madame Mazarin, la trouva à genoux aux pieds de M. Milon, son aumônier, qui étoit assis devant elle. Il ne pouvoit d’abord s’expliquer cette situation ; mais quand il fut plus rapproché, il vit que Madame Mazarin avoit fait asseoir son aumônier, pour lui percer les oreilles, et qu’elle lui avoit déjà coupé le bout d’une d’elles ; sur quoi M. de Saint-Évremond fit les vers suivants :

Je pensois vous voir à confesse,
En vous voyant à ses genoux ;
Et crus que vous faisiez au bon Dieu la promesse
De ne me voler plus chez vous1.
J’admirois, comme une merveille,
Le repentir de votre cœur ;
Et disois, en secret : Seigneur,
Seigneur, ta grâce est sans pareille !
Quand je vous vis couper l’oreille


1. La duchesse Mazarin gagnoit souvent Saint-Évremond au jeu, d’une manière peu régulière.