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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/554

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De peur d’attirer ses mépris.
Mais détrompé de sa parole,
Qui n’a plus rien qui nie console,
Je lui montre des cheveux blancs,
Triste ouvrage de mes vieux ans ;
Je lui montre tout l’équipage
De la caducité de l’âge :
Lunettes, calotte, en effet,
Qui pourroit servir de bonnet ;
Tous les secours que la nature
Cherche, dans mon infirmité,
Pour éloigner la sépulture,
Sont montrés devant sa beauté ;
Et j’ose nommer défaillance
Funeste, mortelle langueur,
Ce qu’autrefois en sa présence
Je nommois simplement vapeur.
Ô belle, ô charmante duchesse !
Je vous remets votre promesse ;
Puisqu’il plaît au grand Pescator1,
Ce maître de la destinée,
Tuer tous les vieillards à la fin de l’année,
Je vais céder mes droits sur votre cher trésor ;
Ne me demandez point à qui je les résigne :
C’est celui que vos yeux en doivent juger digne,
Celui que vous voyez si soumis à vos lois…
Je hais le faux honneur des amours éternelles ;
Peut-on aimer longtemps, sans être dégoûté
Du mérite ennuyeux de la fidélité ?
On voit comme une fleur, sur les amours nouvelles,
Semblable à la fraîcheur de ces fruits délicats,



1. Auteur de l’Almanach de Milan.