Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/69

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ménageant les premiers dégoûts de son maître, il lui tournoit bientôt l’esprit à la paix, afin de rentrer dans son talent, et de se remettre les affaires entre les mains. Milon étoit un homme d’expérience dans la guerre, qui ramenoit tout à la force : il n’oublioit rien, pour empêcher les traités, ou pour les rompre ; conseilloit de vaincre les difficultés, et, si on ne pouvoit conquérir des nations ennemies, d’assujettir en tout cas les alliés.

Autant qu’on en peut juger, voilà la manière dont se gouvernoit Pyrrhus, tant par autrui que par lui-même. On pourroit dire, en sa faveur, qu’il a eu affaire à des nations puissantes, qui se trouvoient plus de ressource que lui. On pourroit dire qu’il gagnoit les combats, par sa vertu ; mais qu’un foible et petit État, comme le sien, ne lui donnoit pas les moyens de pousser à bout une longue guerre. Quoi qu’il en soit, à le regarder, par les qualités de sa personne et par ses actions, ç’a été un prince admirable, qui ne cède à pas un de l’antiquité. À considérer, en gros, le succès des desseins et la fin des affaires, il paroîtra souvent mal-habile, et perdra beaucoup de sa réputation. En effet, il occupa la Macédoine, et en fut chassé ; il eut d’heureux commencements, en Italie, d’où il lui fallut sortir ; il se vit maître de la Sicile, où il ne put demeurer.