Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/85

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Fabius et Annibal, ne parlant rien moins que de chasser lui seul tous les étrangers d’Italie. Il voulut donc avoir son camp séparé, dont Annibal ne se fut pas sitôt aperçu, qu’il en approcha le sien ; et, sans m’amuser à décrire le détail de toutes les actions, Minutius se laissa engager dans un combat, où il fut défait.

C’est ainsi que se comportoit Annibal durant la dictature de Fabius ; et il se comporta quasi de la même sorte avec les consuls qui donnèrent la bataille de Cannes. Il est vrai qu’il n’eut pas besoin d’une conduite si délicate. La sagesse de Paulus l’incommoda moins que n’avoit fait celle de Fabius ; et l’ignorance présomptueuse de Térentius le précipitait assez, de lui-même, à sa ruine.

On s’étonnera peut-être que je me sois si fort étendu sur une affaire qui aboutit à la simple défaite de Minutius, et que je ne parle qu’en passant de cette grande et fameuse bataille de Cannes ; mais je cherche moins à décrire les combats, qu’à faire connoître les génies. Et, comme les habiles gens ont plus de plaisir à considérer César, dans la guerre de Petreius et d’Afranius, que dans les plus éclatantes de ses actions, j’ai cru qu’on devoit observer plus curieusement Annibal, dans une affaire toute de conduite, que dans ce grand et