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Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/170

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nouveaux essais sur l’entendement

et de même ici l’intention est de demander si l’homme est libre en voulant.

§ 15. Ph. La liberté est la puissance qu’un homme a de faire ou de ne pas faire quelque action confrmément à ce qu’il veut.

Th. Si les hommes n’entendaient que cela par la liberté, lorsqu’ils demandent si la volonté ou l’arbitre est libre, leur question serait véritablement absurde. Mais on verra tantôt ce qu’ils demandent, et même je l’ai déjà touché. Il est vrai, mais par un autre principe, qu’ils ne laissent pas de demander ici (au moins plusieurs) l’absurde et l’impossible, en voulant une liberté d’équilibre absolument imaginaire et impraticable, et qui même ne leur servirait pas, s’il était possible qu’ils la puissent avoir, c’est-à-dire qu’ils aient la liberté de vouloir contre toutes les impressions, qui peuvent venir de l’entendement, ce qui détruirait la véritable liberté avec la raison et nous abaisserait au-dessous des bêtes.

§ 17. Ph. Qui dirait que la puissance de parler dirige la puissance de chanter, et que la puissance de chanter[1] obéit ou désobéit à la puissance de parler, s’exprimerait d’une manière aussi propre et aussi intelligible que celui qui dit, comme on a coutume de dire, que la volonté dirige l’entendement, et que l’entendement obéit ou n’obéit pas à la volonté (§ 18). Cependant cette façon de parler a prévalu et a causé, si je ne me trompe, bien du désordre, quoique la puissance de penser n’opère non plus sur la puissance de choisir que la puissance de chanter sur celle de danser (§ 19). Je conviens qu’une telle ou telle pensée peut fournir à l’homme l’occasion d’exercer la puissance qu’il a de choisir, et que le choix de l’esprit peut être cause qu’il pense actuellement à telle ou telle chose, de même que chanter actuellement un certain air peut être l’occasion de danser une telle danse.

Th. Il y a un peu plus que de fournir des occasions, puisqu’il y a quelque dépendance ; car on ne saurait vouloir que ce qu’on trouve bon, et selon que la faculté d’entendre est avancée, le choix de la volonté est meilleur, comme de l’autre côté, selon que l’homme a de la vigueur en voulant, il détermine les pensées suivant son choix, au lieu d’être déterminé et entraîné par des perceptions involontaires.

Ph. Les puissances sont des relations et non des agents.

  1. Gehrardt : de parler.