Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/116

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Puis que comme les Dieux mon ame les honore,
Et leur donne le prix des astres les plus beaux ?

Cruelles, mais que dis-je, ains perfides pensées,
Qui servez de tableaux aux rigueurs insensées
Du superbe Tiran qui se rit de mon mal,

Fuyez ! Helas ! mon ame où s’envolent tes plaintes ?
Qµiconque est absanté de son astre fatal,
S’il vit, c’est au milieu des langueurs et des craintes.

LXVIII.

Je penetre le Ciel par le trait de ma plainte,
La rigueur de mon fort s’adoucit à mes cris,
Bref tout plaint mon malheur, seule, helas ! ma Cipris,
Insensible en amour, ne peut en estre attainte.

Pourquoy donques tes nœuds d’une cruelle estrainte
Soubs le joug de ta loy tiennent mon vouloir pris,
Amour ; si ce bel œil dont mon cœur est espis,
Glace mon doux espoir d’une mortelle crainte ?

Mais ce n’est point cest œil qui me tient en langueur,
Ce font les Dieux jaloux qui me blessent le cœur,
Parce que j’idolatre une beauté mortelle.

Touresfois je benis leurs traits malicieux,
Et les injustes maux qui me font soucieux,
Me font d’autant plus doux que la cause en est belle.