Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/123

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Que si je ne vis point, comment donc ma pensée
Dever, mon beau Soleil sainctement estancée
Me fait vivre d’espoir, et mourir mon desir ?
Et si dans les appas de ma douce esperance
Je trouve du plaisir,
Pourquoy me plains-je, helas ! d’une si douce absance ?

Mais si quand mon Soleil s’esclipsa de ma veue,
Entre mille douleurs mon ame combatue,
Me laissa pour tribut aux rigueurs du trespas ;
Hé ! comment puis-je vivre, ô erreur amoureuse ?
Si fais, ie vis helas !
Mais une triste vie et sombre et langoureuse.


STANCES.


Ces traits victorieux dont la pointe me blesse,
Ce ne sont point les traits de mon superbe Roy ;
Ains les chastes regaids de ma belle Deesse,
Dont le pouvoir me lie au doux joug de sa loy.

Jamais ce petit Dieu n’eut de si belles armes
Et si vaincu j’hommage une divinité,
La victoire est acquise au pouvoir de ses charmes
Seuls tirant de mon âme et de ma liberté.

Mes yeux ne pleurez point, vite amoureuse offense
Si douce et glorieuse est indigne de pleurs,
La gloire de servir me sert de recompence,
Et ne voudrais point vivre avec moins de douleurs.