Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/134

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Cessez triste sanglots d’estouffer ma parolle,
Et vous ameres pleurs arrestez vostre cours,
Pour adoucir l’aigreur du soucy qui m’affolle,
J’appelle mon tirant à mon dernier secours.

Amour prends ta volée au sejour de ma belle,
Et dis luy que je meurs esloigné de ses yeux,
Mais cruel tu t’enfuis, hé, crois-tu que ton aisle
Se brusle aux doux rayons de fon œil gracieux ?

Va, fuy, j’iray guidant mes pas vers mon Aurore,
Et luy diray qu’aux nuits de sa douce clarté,
Un immortel soucy me ronge et me devore,
Et que je ne vis point qu’au jour de sa beauté.

Lors un mielleux regard volant soubs sa paupiere
Fera voir la douceur au serein de son front,
Et mon ame hommageant sa divine lumiere,
Victimera mon cœur en martires fecond.


STANCES.


Amour n’a point de traits que les regards vainqueurs
De ma douce rebelle,
Ny mon ame de dueil sinon par les rigueurs
De sa beauté cruelle.

Ce beau front où j’appens ma chere liberté
Est le ciel de mon ame :
Mais ces Astres d’Amour changent en cruauté
La douceur de leur flame.