Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/316

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Et qu’insensible au dueil qui trouble mon repos,
Vous mesprisiez farouche et mes tristes sanglots,
Et les pleurs de mes yeux, Er mes justes complaintes ?
Serez vous point touchee aux piteuses attaintes
De ma fiere douleur ? he ! faut-il qu’un Berger
Possede seul vostre ame, et qu’il puisse ranger
Au pouvoir de sa loy vostre douce franchise ?
Que son cruel vouloir toujours vous tiranise ?
Venez voir ma Bergere un qui se meurt pour vous,
Et qui ne craint rien plus que l’injuste courroux
Dont vostre œil (ennemy de ma flame nouvelle)
Faudroye les desirs de mon ame fidelle ;
Le jour que le Soleil fait luire dans les cieux,
M’est mille fois moins cher que celuy de vos yeux.
Si je vis, c’est pour vous, vous ma plus douce vie.
Que si vous ne foulez mon amoureuse enuie
Soubs les pieds du desdain, j’ay un antre mossu,
Au solitaire pied d’un vieux rocher bossu,
Où le Soleil ne luit qu’à travers les fueillages ;
Un argenté ruisseau coule emmy ses rivages
Doucement esmaillés de mille belles fleurs,
Qui estalent au tour à l’enuy leurs couleurs ;
Vous en serez maistresse, et Royne de mon ame.
Or vous adoucirer la rigueur de la flame,
Oies par un soubris, ou d’un traict de vostre œil
Vous ferez au plaisir ceder mon triste dueil ;
Mais en vain je reclame Amour et ma Deesse,
Possible ce Berger entre ses bras la presse,
Hume le doux Nectar de son corail jumeau,