Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/325

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Tirsis

Me font te reclamer. Pour quoy.Afin, helas !
Que ton bel œil me tue, ou me donne soulas !

Silvie

Vis ou meurs, ne m’importe, et rien de moy n’espere,
Que haine, que mesprit ; que desdain, que colere,
Equitables vengeurs de l’importunité
Dont tu viens rengreger mon infelicité.
Si tu souffres pour moy, pour un autre je souffre :
Par ainsi je ne puis te relever du gouffre
Où temerairement ton amour t’a plongé,
Disipe, si tu peux, le soin par qui rongé
Tu vas pour moy semant des larmes inutiles.

Tirsis

Doncques les foibles traits de mes plaintes debilles
Ne pourront de pitié ta fiere ame toucher,
Silvie, au feu d’amour insensible rocher :
Donc au pied du desdain foulant mon sacrifice,
Tu rendras mon amour jouet de ta malice.
Tirsis, Tirsis, c’est trop injustement souffert.
Triomphons de l’amour, puis que l’amour nous pert,
Abbatons ces autels où ceste vaine idole
Prenoit jadis les vœux du desir qui m’affole,
Brisons ces tristes fers qui enchaisnoient mon cœur,
Et n’ayons que mespris pour ce bel œil vainqueur.
Puisqu’il n’a que desdain pour mon ame fidelle :