Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/326

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Choisissons une idole et plus douce et plus belle,
Plus belle, que dis-tu ? ha ! Tirsis, le Soleil
Au point de son midy n’est seulement pareil
Aux esclairs de ses yeux, les beaux soleils du monde.
Quoy ? n’as-tu jamais veu Phœbus sortant de l’onde
Honteux, rougir au point que cest astre jumeau
Lance ses clairs rayons devers son front moins beau ?
Fuyez donc loin de moy inutilles pensees,
Et ne recueillez plus les fureurs insensees
Du regret qui me tue au trisle souvenir
De ma belle inhumaine. Helas ! je voy ternir
Mon plus nouveau printemps pour une belle ingrate,
Sans espoir de secours, toutes fois je me flate
Et pense que le temps adoucira l’aigreur
De ce beau fruit d’amour subject de ma langueur.
Mais ô debile espoirs puis que la violance
De mon soin renaissant redouble as puisance,
Et qu’il faudra bientot soubs le triste tombeau,
De mes jours desastrez estaindre le flambeau !
Au moins si finissant la course de ma vie,
Un doux trait de pitié touchoit mon ennemie.
Las ! cela ne se peut, sa fiere cruauté
Marche d’un train esgal avecque sa beaute.
S’elle estoit moins parfaicte, he ! possible son ame
Sensible au doux pouvoir de l’amoureuse flame,
Auroit plus de pitié. mais, ô Dieux ! cependant
Que je souspire en vain, à son triste Occidant
Mon jour est arrivé, et toy belle inhumaine,
Insensible à mon dueil tu te ris de ma peine ;