Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Silvandre

Les tributs, cher Soleil, sont deubs tant seulement
A vous, de qui je tiens le vital mouvement,
A vous qui captivez d’un trait de vostre veue
Le ciel, l’onde, et la terre à vos pieds abatue.

Cléande

Ces triomphes, Silvandre, ont moins de vérité,
Que ton ame pour moy de bonne volonté.
Si jçay-je toutes fois que mon obeissance
Ne cognoist autre loy, ny vue autre puissance
Que celle de ton œil, dont le mien esclaircy
Ne voit que par luy seul : mais dis-moy, mon souty,
Quel favorable Dieu, propice à mon enuie,
T’a conduit sur ce bord ?

Silvandre

T’a conduit sur ce bord ?Amour, Roy de ma vie,
Amour qui me retient au joug de ta beauté,
Eslongné de moy-mesme et de ma volonté.
Amour, c’est luy sans plus ; mais à belle inhumaine !
Quand disiperas-tu ma langoureuse peine,
Et le dueil qui m’oppresse en ta chere prison ?
Ne dois-je pas enfin recevoir guerison
Au mal que tes beautez ont fait naistre en mon ame ?
Croiray-je que l’ardeur d’une amoureuse flame
Te brusle ainsi que moy ? helas ! s’il est ainsi,
Pourquoy ne chasses-tu mon langoureux souci ?