Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/333

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He ! au moins que je gouste un peu de l’Ambroisie
De ton corail jumeau doux sejour de ma vie.

Cléande

Le Ciel fera bien tost jaunir nostre moisson,
Silvandre, toutes fois pour vaincre ton soupçon,
Prends (bien qu’avant le temps) ce que la loy pudique
De l’honneur te permet.

Silvandre

De l’honneur te permet.Douce et belle angelique,
Mon cher desir qui tient sa naissance de toy,
Ne secoua jamais le joug de ceste loy,
L’honneur est mon object et l’astre qui me guide ;
Ne doute doncques pas, belle et chere homicide,
Si je vis c’est pour toy, et ton chaste plaisir
Est le seul et doux frein qui conduit mon desir.

Satire

Impitoyable Amour ! cruelle jalousie !
Furieux desespoir dont mon ame est saisie !
He ! quand cesseras-tu de me ronger le cœur ?
Mais vois-je pas celuy qui moissonne mon heur ?
Ne vois-je pas Silvandre au giron de ma belle ?
O ciel ! ô terre ! ô mer ! ha ! Cleande cruelle !
Ha ! homicide veue ! allons c’est trop tardé,
Ha ! Berger dont le front mignardement fardé
Charme les yeux de celle en qui ma laide face