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ACTE V


Scène 1

Tirsis

O chere liberté, si long temps desiree,
Tu t’es doncques chez moy de rechef retiree,
Tu as enfin brisé les fers de ta prison,
Tu as donc revomy cest amoureux poison,
Qui enchantoit mon ame : heureuse la journee
Que tu es, liberte, devers moy retournee,
Et que ton pied vainqueur j’ay marché sur le front
D’Amour et de ses traits ; maintenant vagabond,
Comme un jeune Chevreuil en fort aimé boccage,
Je me porte où l’ardeur de mon libre courage
Guide mon cher desir franc de captivité ;
Je foule maintenant ceste fiere beauté
Soubs les pieds du desdain : mon ame n’est attainte
Par l’homicide trait d’une jalouse crainte,
Je ne faits plus mourir et revivre l’espoir
Qui retenait mon cœur soubs l’amoureux pouvoir,
Je me ris de ses traits, et de ses foibles charmes,
Un trait de mon mespris peut seul briser ses armes