Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/379

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Le temps avec ses jours devore ses tresors,
Et la terre reprend son tributaire corps :
Mais que devient enfin ce superbe Encelade

Qui eschelle les Cieux ? une chaude vapeur
Que le Soleil resout par le trait d’une œillade,
Car le ciel seulement s’ouvre aux humbles de cœur.

VII.

Si tost que je revois ma Circé charmeresse,
Par les appas trompeurs d’un millier de plaisirs
Chatouiller doucement mes amoureux desirs,
Je jerre loin mon froc, mon Dieu, et je vous laisse :

J’entends que vostre voix rappelle ma jeunesse,
Que si je me repends, mille trompeurs souspirs
Chassent pipeusement mes justes desplaisirs,
Et le trait d’un soubris dissipe ma tristesse.

Las ! mais seray-je donc girouette à tous vents,
Jouet de l’ennemy qui me va decevant,
Et bref en mes desseins plur muable que l’onde ?

Non, car reconnaissant son breuvage charmeur,
Je veux mourir à moy et aux plaisirs du monde,
Pour vivre seulement à vous, Dieu de mon cœur.