Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
A MONSIEUR MENARD
Advocat en la chambre mi partie de Castres.



Je n’eusse jamais creu voir ton ame glacée
Par les fleches d’amour en fin estre percée,
Qui foulait par desdain les myrthes de Cypris :
Il faut que cest œil soit de nature divine,
Dont les charmants attraits ont mis en ta poitrine
Ce feu sacré, qui t’a si vivement espris.

Je benis le moment où tu receus l’attainte
Par cet œil, je subie et de ta mignarde plainte,
Qui te fait exaller tant d’amoureux souspirs :
Car sans luy tu n’aurais offert en sacrifice
Sur Phocide tes vœus, ny ton cœur dans Erice,
Et pour estre immortel esclorre tes desirs.

Heureux, qui comme toy, de sa flame nouvelle
A pour cause premiere une Nymphe si belle,
Il trouve de la gloire en sa captivité :
Et ne peut, eschauffé de sa douce presence,
Que d’un vol glorieux au ciel il ne s’eslance,
Pour y chanter son heur jusqu’a l’eternité