Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/79

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XII.

Alors que je te vis belle ame de mon ame
Que n’estois-je sans yeux ou bien au lieu de cœur
Que n’avois-je un rocher emmuré de froideur,
Ou que n’estois-je, helas ! une glace à ta flamme ?

De mon superbe Roy l’aigre trait qui m’entame,
Avecque mon Amour fait naistre ma langueur,
Las ! que n’es-tu sensible à ma fiere douleur,
Ou que ne m’entends-tu lors que je te reclame ?

Si ma volonté cede au pouvoir de tes yeux,
Pourquoy leur cruauté me rend si soucieux,
Ou pourquoy suis-je helas ! en amour si fidelle ?

Inhumaine beauté lumiere de mon jour,
Il faut, ou que tu sois plus douce et moins cruelle,
Ou bien d l’advenir que j’aye moins d’amour.

XIII.

Soir que le jour se leve, ou que la sombre nuit
Guide en l’air obscurci son ombreuse volée,
Sur l’aisle du penser mon ame ensorcellée,
Ou dessus mes regards vers mon soleil s’enfuit.

Toutesfois quand cest astre à mes yeux ne reluit,
La douleur me resserre : ô Deesse estoillée !