Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Par qui du plus beau jour la lumiere est voilée,
Rends moy ce doux flambeau dont l’absence me nuit.

La Parque m’esgalise aux désins de Clitie ;
Car soubs le joug d’Amour mon ame assujetie,
S’espanit seulement au jour de son soleil.

Et puis tournant les yeux devers ma belle Aurore,
Si tost qu’elle je plonge aux ombres du sommeil,
Je me serre au plaisir, et le dueil me devore.

XIV.

Il s’en va ce soleil doux obiect de ma veue,
Et je demeure helas ! jouet de mille ennuis,
Mon espoir est voilé de langoureuses nuits,
Au moins à son despart que la douleur me tue.

Amour qui tiens mon ame à tes pieds abatue,
Puis qu’avec ce soleil loin de mes yeux tu fuis,
Hé ! presle moy une ayle, ores que je ne puis
Suivre le train léger de sa lumiere eslue.

Son abfence est ma mort, ma vie sa clarté,
Ou fais luire tousjours ceste douce beauté,
Ou calme la douleur de mon ame oppressée.

Mais tu voles tousjours, va, cours, fuy seulement,
Car comme l’ombre un corps, ansi fidellement,
Je suivray mon soleil avecque la pensée.