Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/502

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trahebat, nolens se fortunœ committere advenus hostein quem tempus deteriorem in dies et locus alienus facerent. Quand il existe une erreur à laquelle tous les hommes, ou du moins la plus grande partie, se laissent prendre, je ne crois pas que ce soit un mal de la leur démontrer souvent. Aussi, quoique j’aie déjà plusieurs fois exposé combien la conduite suivie de nos jours, dans les circonstances importantes, s’éloigne de ce que faisaient les anciens, je ne crois pas superflu de revenir ici sur le même sujet. Si l’on s’écarte des principes de l’antiquité, c’est surtout dans ce qui est relatif à l’art de la guerre, où l’on n’observe plus aujourd’hui aucune des maximes auxquelles les anciens attachaient le plus d’importance.

Cet inconvénient est né de ce que les républicains et les princes ont abandonné à des mains étrangères le soin de leurs armées pour fuir plus facilement les dangers qui suivent la guerre ; et si l’on voit de nos jours un roi se mettre lui-même à la tête de ses troupes, il ne faut pas croire que cette conduite produise des résultats plus glorieux pour lui : cette résolution, quand toutefois il la prend, est plutôt le résultat d’une vaine pompe que d’un véritable amour de la gloire. Ces princes, cependant, tombent dans des erreurs moins graves en voyant quelquefois leurs armées en face, et en retenant entre leurs mains toute l’autorité du commandement, que la plupart des républiques, surtout celles d’Italie, qui, s’en reposant entièrement sur des étrangers, n’ont aucune connaissance de tout ce qui peut appartenir à la guerre, et qui, d’un autre côté, voulant paraître les maîtresses, prétendent en diriger les opérations, et commettent ainsi mille erreurs dans leurs déterminations. Quoique j’en aie déjà signalé ailleurs quelques-unes, je ne veux point passer ici sous silence une des plus importantes.

Quand ces princes fainéants, quand ces républiques efféminées mettent en campagne un général, l’ordre le plus sage qu’ils croient pouvoir lui donner est de lui