Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/47

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absolument d’être des vôtres aujourd’hui. Mais je ne veux pas vous priver du plaisir de faire connaissance avec cette gamine de Maud, qui, sur ce que nous lui avons raconté, est aussi impatiente de vous connaître que vous pouvez l’être au naturel.

Amusez-vous donc bien — sans moi, hélas ! car je souffre horriblement les deux premiers jours — mais je vous prie instamment de ne pas faire avec elle tout ce que vous avez fait avec moi : elle est vraiment trop jeune et pas assez formée. Je la connais, le petit monstre… elle est fille à vous le demander peut-être, et à vous offrir un sacrifice auquel vous ne tenez probablement pas beaucoup. Mais je vous en prie, cher ami, résistez-lui, résistez à vous-même, et s’il vous fut un ordre, je suis votre maîtresse, monsieur, je vous l’ordonne. Du reste. Flora sera là.

Quant à celle-ci, je vous la livre : allez, avec elle, aussi loin que vous voudrez, mais je doute qu’elle consente à aller jusqu’au bout… aujourd’hui ; cela viendra, soyez-en sûr, je l’ai à peu près décidée et vous l’avez touchée.

À samedi, n’est-ce pas, au garden-party du lieutenant-gouverneur ?…

Mille tendres baisers partout où tu voudras.

Votre sweet heart.

Après cette lecture, je levai les yeux sur Maud qui, s’étant débarrassée de son écharpe et de son manteau, me regardait toute souriante.

Je poussai un cri de surprise ; j’avais devant moi la plus ravissante petite femme que l’on puisse voir, elle ne dépassait pas l’épaule de Flora ; on eût dit une enfant de douze à treize ans qui aurait été formée : sa gorge, que je voyais à travers la mousseline de sa robe, était bien bombée et paraissait bien fournie ; ses hanches développées, ses fesses très apparentes. Et sur tout cela, une tête couverte de cheveux blonds frisonnants en nuage, des yeux bleus pétillants

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