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LA BELLE ALSACIENNE


hommages, plus il affectait de les caractériser : on se pressait en foule du côté de ma loge, mon nom retentissait jusqu’au cintre. Les plus empressés se mettaient sur les épaules des autres pour me considérer de plus près ; je les voyais accourir de l’extrémité de la salle, portés comme en triomphe : ils fendaient la multitude, s’approchaient pour me dire quelques douceurs impromptues et fondaient tout de suite pour faire place à d’autres. Les acteurs sur la scène ne pouvaient obtenir audience, le désordre était général, je pouvais seule le faire cesser ; il n’était pas juste que l’intérêt de ma gloire prévalût sur les plaisirs publics. Je me retirai malgré les efforts qu’on fit pour me retenir en m’applaudissant avec encore plus de fureur.

J’allai dans l’amphithéâtre chercher une place moins exposée à l’incommodité des honneurs publics. Je fus tentée, dans mon dépit, de jeter mon mouchoir au milieu de l’assemblée, avec un défi au plus déterminé de me le rapporter à la fin de la pièce ;