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LA BELLE ALSACIENNE


il fallut obéir et quitter un lieu où le plaisir lui avait fait longtemps oublier ses devoirs.

Les huit cents livres dont ma mère était dépositaire la consolèrent de la perte de son gendre. Nombre d’amants briguaient à l’envi l’honneur de mon alliance ; ma viduité n’avait rien pris sur mes charmes, et je possédais encore réellement tout ce qu’il fallait pour faire éprouver à celui que je choisirais combien il est flatteur pour la vanité de donner à une femme les premières leçons de la tendresse ; mais il était temps, ce bien si précieux ne tenait plus qu’à un fil.

Depuis quelques jours, G… avait lié connaissance avec mon beau-père, sous prétexte d’apprendre l’allemand ; de petits soupers l’insinuèrent dans ses bonnes grâces. Étant assuré de sa protection, il s’attacha à faire sa cour à ma mère ; quelques présents faits à propos la disposèrent, sinon à l’écouter, du moins à lui donner des espérances qui l’engagèrent à redoubler d’attentions et de soins.