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LA BELLE ALSACIENNE


reux que la continuation de notre félicité ?

Je tombai dangereusement malade ; mon amant ne quittait presque plus le chevet de mon lit. Je n’ai point d’expressions qui puissent rendre les mouvements d’amour et de reconnaissance dont j’étais pénétrée : même aux portes de la mort, je n’étais occupée que de lui ; sa douleur me touchait plus que le danger qui me menaçait. L’amour eut pitié de nous et me rendit la vie. D. M… essuya mes larmes, les transports de joie prirent la place du désespoir, je lus ma guérison dans ses yeux. Assurée du tendre intérêt qu’il y prenait, je me crus hors de péril dès que je vis ses craintes diminuer. Aurais-je pu, sans être la dernière des femmes, ne pas adorer un amant si digne de toute ma tendresse ?

On peut juger qu’avec les sentiments que D. M… m’avait inspirés, la vie ambulante que j’avais menée jusqu’alors me fit horreur. J’y renonçai absolument.

Ma mère, qui n’était plus sensible qu’à l’intérêt et qui voyait une partie de ses