voulant faire ressource, se vendent à ceux qui achètent les consciences et les bouches perverses. Or, le peuple n’achète rien de tout cela. Ceux qui servent sa cause la servent pour rien. <( Que font ici ces Fédérés ? Ont-ils une mission de leurs départemens ?
Ce ne peut être qu’après l’avoir sollicitée, et les départemens
n’ont su ce qu’ils faisoient quand ils ont donné des pouvoirs à cet effet, en supposant toutefois qu’ils en aient donné. A la charge de qui sont-ils ici ? On ne vit pas à Paris gratuitement quand on a ses foyers dans les départemens du royaume.
« Disons vrai : il importe aux mal intentionnés, aux royalistes esclaves, aux dictateurs, à l’état-major parisien, à tous ceux enfin qui ne cherchent qu’à égarer l’opinion, qu’à énerver le civisme ; il importe, dis-je, à tous ces gens-là d’avoir à Paris une association de citoyens armés pris dans tous les coins du royaume, qui, ayant mérité peut-être dans un temps la confiance de leurs concitoyens, puissent séduire et abuser leurs patries respectives et leurs pays, en y faisant passer, par leurs avis, leurs nouvelles et leur correspondance, l’esprit qu’on leur souffle dans la capitale. Il falloit avoir encore un centre où les mal intentionnés pussent trouver des renseignemens sur le fort et le foible, et sur les variations de telle et telle partie du royaume, afin d’agir en conséquence : nous ne voyons que trop quels sont les fruits de ce système de séduction et d’espionnage tout ensemble.
« Que font, en un mot, ces Fédérés coalisés et assemblés dans la capitale ? Que peut-on espérer d’une association où l’on arrête qu’il sera fait un service auprès de la fersonne du Roi et du général La Fayette^ composé d’une garde de deux députés fédérés qui auront le nom et la qualité d’aides-de-camp du général ; que ces aides-de-camp prendront les ordres immédiats du Roi et du général pour les faire passer dans les départemens ? Sans doute, ceci n’est qu’une conception ridicule, qu’une folie des chefs et des agens que Ton met à la tête des Fédérés, et qui donnent carrière à leur sotte vanité que l’on flatte. Mais s’il faut tirer des inductions de tout cela, on peut démêler aisément que cette association a un esprit totalement opposé à la Révolution. On doit penser que l’influence de chacun de ces Fédérés, écrivant du centre où la constitution se fait, à la circonférence qui l’attend, doit être d’un grand poids dans les divers cantons de la monarchie. Il n’a fallu souvent qu’une lettre d’un de ces Fédérés, qui, de loin, ont l’air d’être quelque chose, et d’être bien instruits, pour produire dans tel pays du relâchement, lorsqu’on a voulu y donner beau jeu aux complots des aristocrates. C’est par des menées de