Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

rentes : la température fraîche et uniforme de ses deugas ombreux, fertiles et si longtemps verdoyants ; la froidure des contrées dites tchokés ; la température brûlante des kouallas, dont la végétation luxuriante alterne avec la stérilité et la sécheresse la plus extrême ; l’atmosphère tiède et voluptueuse qui caresse les woïna-deugas, où les villes surgissent de préférence, comme pour convier les compatriotes d’altitudes si opposées à s’entrevoir commodément ; les variétés d’habitudes alimentaires et autres ; enfin, l’action de climats si opposés, doivent, à la longue, influer de telle sorte sur le physique et le moral des habitants, que, malgré une communauté de race, de religion, de lois et de mœurs, il s’établit entre eux des différences marquées.

L’homme des kouallas est de petite taille, souple, musculeux et bien pris ; ses extrémités sont fines et sèches ; il devient rarement obèse, souvent même il est comme frappé d’émaciation ; il est en général plus barbu et velu que l’homme des deugas ; sa tête est petite, son visage court, son teint, selon les indigènes, tend à se foncer, et ses cheveux à devenir épais et rudes ; sa denture est très-belle, ses yeux grands ; il a les traits accentués, le front souvent fuyant, le nez ordinairement droit, petit, aux ailes grandes et mobiles, et très-rarement aquilin.

L’homme des deugas est d’une taille plus élevée, d’une ossature relativement forte, ses extrémités sont grandes et charnues, ses muscles peu apparents et ses chairs abondantes ; son teint est souvent aussi foncé, mais sur ces hauts plateaux l’on trouve plus fréquemment les femmes au teint clair, mat, légèrement doré, se rapprochant, comme il a été dit, du teint européen. Les mauvaises dentures, très-