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DOUZE ANS DE SÉJOUR

jadj Conefo et femme du Balambaras Aschebber, que Birro retenait dans les fers depuis la bataille de Konzoula, où le prisonnier avait été blessé. Elle me montra la Waïzoro, assise toute seule au pied d’un arbre et enveloppée d’une toge grossière, unique vêtement qu’elle voulût porter, dit-elle, depuis les malheurs qui l’accablaient. Je lui fis dire que c’était à moi à me rendre chez elle, et que je m’emploierais en faveur de sa cause, si elle était juste, et je m’éloignai, laissant mes gens pour se tenir à ses ordres et lui faire escorte de ma part jusqu’à sa demeure.

Le Lik Atskou m’apprit que le Dedjadj Conefo, durant sa dernière maladie, avait recommandé ses deux fils à Aschebber, ainsi qu’à quelques autres de ses fidèles. Aschebber avait énergiquement servi les intérêts d’Ilma jusqu’à la bataille de Konzoula, mais il était accusé d’avoir détourné des valeurs de la succession de Conefo, et le Dedjadj Birro menaçait de le faire mutiler s’il ne les lui livrait.

Je promis à la Waïzoro Bir-Waha de partir deux jours après pour le camp ; mais le lendemain, à mon grand regret, il m’arriva un Chalaka et une compagnie de la garde de Birro, conduisant Aschebber enchaîné. Le Chalaka avait ordre de s’arrêter chez moi, d’y recevoir les objets qu’Aschebber avait promis de restituer, de les soumettre à mon inspection, et, dans le cas où la restitution serait insuffisante, de le remettre à la torture en resserrant l’anneau qui fixait la chaîne à son poignet. Le malheureux me fit observer que cet anneau le serrait encore trop pour lui permettre de dormir : j’obtiens du Chalaka qu’on le fit aaiser.

Grâce à des cadeaux en comestibles qui m’arrivaient de tous côtés, je pus faire festiner mes hôtes ; le prisonnier mangea, but et fut joyeux avec nous :