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Comment, d’autre part, peuvent-ils soutenir les deux natures de Jésus, en face des évangiles qui ne lui attribuent qu’une seule nature humaine ? Nous lisons, en effet, au chapitre XIII de l’évangile de Matthieu : Quand Jésus quitta la ville[1] où il était né, les gens l’ayant traité avec dédain, il dit : « Un prophète n’est dédaigné que dans sa ville », parole par laquelle Jésus déclare être un prophète d’entre les prophètes, qui tous n’ont jamais eu qu’une seule nature humaine.

Une parole plus caractéristique encore est celle que Simon Pierre, chef des Apôtres[2], adresse aux Juifs au sujet de leur conduite envers Jésus : « Ô hommes, enfants d’Israël, écoutez mes paroles, sachez que le Messie est un homme qui s’est montré à vous, de la part de Dieu, avec des miracles et des prodiges que Dieu a opérés par ses mains, et vous avez été rebelles à son égard ». Ceci se trouve dans le livre des Actes des Apôtres qui, chez les chrétiens, jouit de la même autorité que l’Évangile. Pourrait-il y avoir un homme plus digne de foi que Simon, plus véridique que lui ? Eh bien, ce Simon Pierre, dont la mémoire est bénie parmi les chrétiens à cause de ses vertus et de sa piété, témoigne que Jésus est un homme d’entre les hommes issus d’Adam, d’entre les prophètes et les envoyés que Dieu a assistés par des miracles. Il n’en est pas autrement pour les miracles de Jésus. Il agissait par la puissance de Dieu et non en vertu de la sienne propre.

Où donc trouver la raison plausible qui puisse autoriser les chrétiens à affirmer que la divinité, après s’être incarnée dans l’humanité de Jésus, est devenue avec elle un homme complet, créé, et que l’humanité de Jésus, c’est-à-dire son corps, est devenue un dieu complet, créateur, incréé ? Comment Satan a-t-il pu les aveugler au point de les porter à croire pareille chose impossible, contraire à la raison et à la nature des choses ?

Ajoutons encore ce que dit Luc à la fin de son Évangile : « Après sa résurrection deux hommes d’entre ses disciples, à savoir Cléopas et Luc, le rencontrèrent. Jésus leur dit : Pourquoi êtes-vous ainsi tristes ? Ils lui répondirent : Tu es donc le seul dans la ville de Jérusalem qui ne sache pas ce qui est arrivé ces jours-ci à Jésus, qui

  1. Var. : se dirigea vers la ville.
  2. Un ms. lit avec raison As. Safâ qui veut dire rocher ; les autres lisent As.-Saffâr, le chaudronnier.