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manifeste. Si un chrétien objectait que Jésus, en s’exprimant ainsi, n’avait en vue que des esprits (des âmes), nous répondrions que, dans ce cas, il se serait mis en opposition avec la Thora et l’évangile, racontant que les prophètes qui sont montés au ciel y sont montés avec leurs corps et leurs âmes, de la même façon que notre prophète Mohammad y est monté. Si l’on objectait encore que Jésus, en prononçant ces paroles, voulait énoncer le fait que, quand les hommes sont morts, les anges portent leurs âmes au ciel, nous répliquerions que cette interprétation est contraire aux mots et au sens généralement admis ; et de plus, les âmes des infidèles ne montent pas au ciel, mais demeurent dans la Géhenne.

Autre exemple. Mathieu dit au ch. XXI de son évangile : « Jésus, se promenant avec les apôtres, eut faim et ayant vu un figuier au bord de la grande route y monta pour manger de ses fruits, mais il n’en trouva point et maudit le figuier. À l’instant, le figuier sécha. » Marc, au chapitre XI de son évangile, raconte cette même histoire en y ajoutant que ce n’était pas la saison des figues. Maintenant, je vous le demande, comment peut-on attribuer à un prophète le désir de manger des figues d’un arbre naturel, quand ce n’est pas la saison des figues ? Ni enfants ni fous n’en agiraient ainsi. Comment ensuite peut-on raconter que ce prophète maudit l’arbre qui sécha à l’instant, quand cet arbre n’avait rien fait pour mériter un pareil châtiment ? Les évangélistes, du reste, passent trop légèrement sur la question de savoir si cet arbre avait un propriétaire ou bien s’il était du domaine public et si tout passant avait droit d’en manger les fruits. Si l’arbre avait un propriétaire, nous pouvons être certains que Jésus, vu sa crainte de Dieu, sa sobriété et ses progrès dans la religion, ne s’en serait pas approché pour en manger les fruits sans la permission du propriétaire. Si, par contre, l’arbre était du bien public, Jésus ne l’aurait certainement pas maudit au point de le faire sécher et d’en ôter ainsi la jouissance aux hommes, car lui, comme tous les autres prophètes, avait été créé pour faire du bien aux hommes et aux choses et non pas pour faire le contraire. L’erreur de Matthieu et de Marc faisant faire du mal à Jésus, est donc manifeste.


§ 8. — Reproches et critiques que les chrétiens adressent aux musulmans.


1o  Les religieux musulmans se marient, contrairement à ce que font les moines chrétiens. À cela nous répondons : Vous êtes d’ac-